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TFE - Biodiversité du littoral
Golfe du Morbihan

La vie à plusieurs degrés de proximité du littoral autour du Golfe du Morbihan

Guide nature : Lorraine

Formation : IFAPME Dinant 2010 - 2011

  • 1Que trouve-t-on dans un parking en terre battue à 150m de la mer

    « Bonjour et bienvenue à cette promenade nature, dans laquelle nous allons essentiellement parler du littoral typique du Golfe du Morbihan. J’espère que vous avez tous bien pris vos bottes et des vêtements peu salissants! Je prête une paire de jumelles à celui qui le souhaite… Avant de nous diriger vers la mer, je vous propose d’observer ce qui nous entoure: nous sommes ici entourés d’une pinède de pins maritimes ; il existe deux sortes de pins maritimes : celui au port bien droit, qui pousse dans le midi, et celui-ci, le même que dans les landes, tout tortueux. On l’a planté ici vers 1920, pour sa sève ainsi que pour la trituration, construction, papeterie. Pourquoi lui ? Pour sa croissance rapide… et parce qu’il est un des quelques arbres, avec le cyprès Lambert, qui accepte de pousser ici, sur une terre pauvre, qui plus est à fleur de roche, ses racines étant ce qu’on appelle traçantes ; elles courent le long du sol, et ne s’enfoncent que peu. Nous voyons de loin que cette foret semble claire, avec un sous bois peu dense. Nous en parlerons plus tard.

    Nous sommes certes dans un parking, mais cela nous permet d’observer de l’extérieur la pinède à notre gauche et à notre droite, et de déceler, même dans ce parking, des éléments typiques du coin. Avec un tout petit peu d’attention et de silence, vous verrez facilement ici l’écureuil roux européen (je leur montre une image) ainsi que plusieurs oiseaux ; vous verrez fréquemment, le pigeon ramier, la corneille noire, et plutôt dans les chênes qui ont poussé à l’avant, la mésange charbonnière, le rouge gorge, le troglodyte mignon, le grimpereau. En ce moment vous pouvez de temps en temps tomber sur une grive : la grive draine. (Je leur montre les photos en même temps sur une fiche.)

    Je vous propose de me trouver ici au sol des éléments insolites que vous n’avez pas l’habitude de voir. » (Il leur arrive de présenter des plantes ordinaires, comme le millepertuis, le géranium herbe-à-robert ; je leur explique qu’en faisant bien attention, ils en trouveront aussi dans leur jardin, en bord de route… Je leur cite néanmoins des vertus : par exemple le géranium herbe-à-robert contre l’inflammation des gencives, le millepertuis et ses vertus contre la mélancolie, ou encore comme aprèssoleil, bien qu’il soit également photo sensibilisant…etc. Comme plantes sauvages, nous trouvons aussi le séneçon de Fuchs, la brunelle vulgaire, la potentille printanière, la violette éperonnée, les différents plantains, le tamier, l’achillée millefeuille…) Pendant que nous cherchons, parmi les tests que j’ai pu effectuer, j’ai eu deux fois l’occasion de leur montrer l’écureuil, sautant d’un pin à un autre. Le pigeon ramier à chaque fois, le rouge-gorge presque à chaque fois, le troglodyte une fois... Au final, nous trouvons : (si tout n’est pas présent, j’en dépose sur place au préalable -les noisettes par exemple.) de la lagure, des cônes des pins, entiers ainsi que mangés. Nous trouvons deux agarics véreux. Des noisettes vidées, mangées. Nous rencontrons des papillons, ainsi que beaucoup de criquets, et souvent quelques libellules. Il est aussi arrivé que nous tombions sur un campagnol mort. (Images) Nous passons aux explications : «- la lagure, ou bien-nommée queue de lièvre, est typique quand le bord de mer est proche ; c’est une plantes xérophile, c'est-à-dire qu’elle supporte très bien le sec, elle est également thermophile, qui aime la chaleur. Elle est d’origine méridionale et est plus fréquente qu’autrefois en Bretagne Sud, où le climat s’est adouci. Elle est rare en Bretagne Nord. Normalement, on la trouve plutôt sur des dunes bien stabilisées. Seule, elle est souvent signe d’un piétinement fréquent, qui ne la dérange aucunement, contrairement à d’autres. Il est donc tout à fait normal de la trouver en nombre sur ce parking en terre battue !

    - voici l’énorme pomme de pin du pin maritime ! En termes naturalistes, on dit plutôt le cône du pin. Celui-ci atteint quasiment les 20 cm, il ne fait pas bon le prendre sur la tête… Les cônes des autres pins sont généralement plus petits, il peut donc vous aider à identifier facilement le pin maritime. En voilà un mangé, et comme vous le voyez, il y en a beaucoup d’autres ! Les écureuils se régalent avec ces cônes ; assez cabotins, ils n’auront aucun scrupule à laisser tomber chaque écaille sur votre tête, en finissant par le cône vide. Je veux bien croire qu’ils ne le font pas exprès mais ça m’arrive assez souvent ! » Je leur montre un cône à demi mangé que je sors de ma poche. « Voici comment vous pouvez deviner qu’un écureuil a fait le coup : il mange le cône de bas en haut, et le cône présente encore des aspérités après avoir été mangé ; un petit rongeur tel que campagnol, mulot et autre laissera le cône beaucoup plus lisse, les reliefs sont arrondis : ils n’ont pas la force de retirer les écailles, et donc les rongent à même la base.

    - justement, parlons-en, de ce petit rongeur mort que vous avez trouvé : il y a de grandes chances qu’il ait été la proie d’un chat puisqu’il n’a pas été mangé. Voyez comme sa tête est grosse, yeux petits, oreilles petites : c’est un campagnol. Un mulot sera plus petit, la queue plus longue, les oreilles grandes et diaphanes, et de très grands yeux. Il s’agit ici du campagnol commun.

    - et ces noisettes, qui les a mangées d’après vous ? (réponse : l’écureuil ?) un écureuil pourrait manger des noisettes, c’est bien connu, ils en raffolent, mais est-ce bien lui qui a mangé ces noisettes ? (cf. www.pronatura.ch)

    Voyez : l’écureuil plante ses incisives au sommet de la noisette et séparera nettement la paroi en deux. Les rongeurs plus petits procèdent encore autrement que ce que nous avons là. Il existe aussi des insectes, comme le balanin, qui à l’état d’œuf, déposé dans une noisette par sa mère, commence sa vie en mangeant la noisette. Le trou est alors un petit forage de 1 à 2mm. Mais alors…

    Voilà ! Si c’est une touffe de noisettes vertes, l’écureuil les mange autrement ! Problème résolu ! Vous voyez, l’identification pour chaque animal n’est jamais simple : ça change encore si c’est un jeune écureuil… Il y a beaucoup de choses à prendre en compte. (cf. baladesnaturalistes.hautetfort.com)

    - les champignons : voici ceux qu’on appelle rosés des prés, agarics champêtres. C’est un bon comestible. Ceux-ci sont assez petits, 7cm de diamètre environ. La première chose à faire quand on trouve un champignon comme celui là est de bien vérifier qu’il n’a pas de volve : il existe plusieurs amanites blanches mortelles ! Il ne faut surtout pas confondre ! Il faut observer ses lamelles, rosées, très caractéristiques ; en vieillissant, elles deviendront brun chocolat. Il doit avoir un anneau, ce qui est le cas ici ; s’il a deux anneaux superposés, c’est qu’il s’agit de l’agaric des trottoirs, qui se mange aussi mais est réputé un peu moins bon; l’agaric des trottoirs a l’intérieur du pied brun, tandis que notre agaric champêtre a l’intérieur blanc et ferme. Par contre, il ne faut pas les confondre avec la psalliote jaunissante, qui est toxique. Elle leur ressemble mais jaunit vivement au toucher. (A l’aide de mon livre, je leur montre à chaque fois les champignons que je cite.) Il ne faut pas manger ceux-ci : ils ont déjà été attaqués par les vers. Faites attention en règle générale, à ne pas ramasser des champignons trop jeunes ou trop vieux, que ce soit pour leur identification comme pour leur comestibilité.

    - les criquets : ce ne sont pas des sauterelles car leurs antennes sont courtes. Celui que nous voyons le moins ici est celui que nous voyons le plus fréquemment ailleurs : (photos) le criquet des pâtures. Il peut revêtir plusieurs apparences. Celui que nous voyons le plus, le gros criquet gris avec des ailes bleues s’appelle l’œdipode turquoise. Tous deux frottent leurs pattes contre leur corps pour produire le « chant ». L’œdipode turquoise affectionne les zones bien dégagées et bien chauffées par le soleil. On retrouvera plus le criquet des pâtures dans les herbes.

    - les papillons : nous avons ici en grande fréquentation le myrtil et l’amaryllis. Comme vous le voyez, ils ont des couleurs similaires mais l’amaryllis est beaucoup plus petit. Il y a des piérides, ces papillons blanc crème avec des « points » (ocelles) et le coin du haut des ailes noirâtres ; ici, comme il y a deux point par aile, ça pourrait être la piéride du chou, piéride de la rave… J’ai eu l’occasion de les observer avant et je sais que c’est la piéride du chou. Voilà le tircis, aux ailes du dessous -postérieures- très découpées. L’écaille chinée, souvent sur des buissons. Elle montre ses ailes postérieures, rouge-orangées, en cas de danger pour montrer qu’elle n’est pas comestible… Et enfin, le vulcain. (Parfois nous voyons des azurés ; une fois j’ai rencontré le Robert-le-diable, deux fois le grand collier argenté mais cela ne s’est pas reproduit avec les promeneurs.)

    - les libellules : Anax empereur (femelle-rarement observé) et Gomphus très commun (fréquent, d’autant plus que d’un jour sur l’autre j’en retrouve deux à des points de « chasse » habituels.). L’Anax empereur vit près des eaux stagnantes avec végétation mais chasse dans les chemins forestiers ; le Gomphus très commun, qui vit près des eaux propres mais peut s’en éloigner. Voilà qui nous renseigne sur la proximité d’un point d’eau douce…

  • 2L'allée qui descend vers la mer

    Nous prenons ensuite l’allée qui va vers la mer. Comme je leur explique que c’était avant un restaurant, que de la « bonne terre » a été apportée, je leur parle des plantes aromatiques encore présentes et je leur demande de me trouver ce que c’est; en écrasant dans mes mains et faisant sentir ; il reste du thym, du romarin, de la menthe, de la mélisse, du fenouil (qui pousse d’ailleurs ici à l’état sauvage, apprécie la proximité de la mer.). Nous croisons ici en grand nombre la coccinelle à sept points :

    « Vous avez peut-être déjà entendu parler de la coccinelle asiatique ? On l’a importée pour une lutte intense contre les pucerons, parce qu’elle est plus active que nos coccinelles indigènes. Elle est invasive et en concurrence avec les coccinelles de chez nous, puisqu’elles se partagent les mêmes réserves de nourriture ; mais en plus, la coccinelle asiatique mange les larves de la coccinelle indigène ! Elle prolifère à grande vitesse. Au canada, depuis qu’elle a été importée, il n’existe plus que deux espèces de coccinelles, dont celle-là. Il n’est pas possible de s’en débarrasser désormais, la seule chose que nous pouvons faire est de ne pas en acheter pour les mettre dans nos jardins. Il faudrait aussi en tirer une leçon pour l’avenir en légiférant sur l’importation d’espèces au hasard et sans recherches préalables…

    Il n’est pas facile de la différencier des nôtres. Elles sont en général plus grosses, de la taille de notre coccinelle à sept points. Pour ceux que ça intéresse, j’ai ici quelques fiches sur la manière de les différencier : il faut regarder leur pronotum (devant les élytres : voir fiche) » (cf. www.inra.fr)

    Nous trouvons au sol une curieuse chose :

    « Savez vous que cette grosse éponge jaune est une énigme de la nature ? Ce n’est ni un champignon, ni un végétal, ni un animal, ni une bactérie. (cf. www.champi.net) Comme les champignons, il libère des spores, il est unicellulaire mais avec noyau, donc pas une bactérie. Il ne se suffit pas à lui-même comme une plante, ne disposant pas de chlorophylle. Comme paroi cellulaire, il n’a qu’une membrane, comme les animaux. Il se nourrit en mangeant littéralement, comme les animaux, alors que les champignons absorbent. Son mode de vie est tout à fait étonnant : cette partie fixe libère des spores, qui germent, et la « chose » qui en sort se déplace à l’aide d’un cil. Elle va fusionner avec une autre, différente, un peu comme un mâle et une femelle si vous voulez, puis la cellule va grandir, jusqu’à atteindre quelques centimètres. Fuligo septica - c’est son nom - se déplace comme une masse informe d’environ un centimètre par heure et se nourrit de champignons, bactéries, végétaux… Quand le temps devient un peu plus sec, il forme cette grosse éponge fixe que nous avons là. Elle libère des spores, et le cycle continue… Etrange créature ! »

    « Nous surplombons maintenant la mer, je vous propose d’observer les oiseaux que nous voyons avant de descendre sur la plage : ils pourraient s’enfuir à notre approche. » Nous avons toutes les chances de voir : le goéland argenté, le goéland brun, la sterne pierregarin, le grand cormoran, le héron cendré, la mouette rieuse, l’aigrette garzette ; on pourrait rencontrer le vanneau huppé, l’avocette, le tadorne de Belon.

    La descente ensuite est un peu plus pentue, l’escalier asymétrique, de plus il est possible de glisser sur les aiguilles de pins. Je les préviens donc et reste vigilante.