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TFE - Biodiversité du littoral
Golfe du Morbihan

La vie à plusieurs degrés de proximité du littoral autour du Golfe du Morbihan

Guide nature : Lorraine

Formation : IFAPME Dinant 2010 - 2011

  • 1Zones ouvertes offertes à la nature

    " Nous avons ici deux terrains intéressants point de vue faune et flore : un grand terrain sauvage de plaine, encadré de bocage ; il n’est pas usité et n’est fauché qu’une fois par an. Il est très ensoleillé, il y a ici beaucoup d’insectes et de rongeurs, qui attirent aussi nombre d’oiseaux ; le fait que nous soyons juste à côté des bois et de la mer ne fait qu’ajouter de la richesse à ce milieu ! La possibilité de passer d’un milieu à l’autre est très important pour de nombreux individus, cela accroit considérablement la biodiversité. Et regardez le terrain que nous trouvons après : c’est encore autre chose ! Une lande d’ajonc impénétrable… Vous avez entendu ? Rien que de faire quelques pas, nous venons de faire fuir plusieurs lézards. Ce terrain n’est pas maîtrisable et est aussi rasé une fois l’an. Ecoutez… (On entend les chants des insectes encore plus fort que partout ailleurs) cet endroit est le paradis des petites bêtes fuyant les prédateurs ! Au printemps, les ajoncs reprennent de plus bas, et tous en fleurs, ils dégagent une puissante odeur de noix de coco. Les abeilles les butinent beaucoup. Au sein de cet infranchissable champ d’ajoncs, on voit quelques têtes de pins dépasser : on voit souvent des oiseaux prédateurs perchés dessus, occupés à guetter une percée dans les ajoncs pour attraper une proie. Ici et dans le champ ouvert, il est fréquent de voir l’épervier.

    Bien, si nous y allons doucement sur la fin de notre circuit, nous avons toutes les chances d’apercevoir des lézards ! Il va être l’heure pour eux, le soleil commence à chauffer ! Il y en a très souvent par ici, étant donné le nombre de falaises, buissons, rochers, pelouses sèches, champs ouverts, terres battues… Ils affectionnent la chaleur, et quoi de mieux que ces milieux pour se chauffer ? On peut souvent voir le lézard vert, et l’on voit tout autant le lézard des murailles que le lézard vivipare. Même sur la plage où nous sommes allés, on voit tous ces lézards régulièrement !

    Nous reprenons la route principale, montons devant la chapelle et tournons à gauche sur une petite route autour de laquelle une dizaine de maisons se situent ; tout en marchant, je leur pose des questions sur leurs jardins.

  • 2Quelle haie pour mon jardin ?

    « Qui d’entre vous a la chance d’avoir un jardin ? (…) avez-vous une haie ? Quelle essence ? (les réponses sont souvent le laurier palme, le cyprès…) Alors, ces haies sont souvent choisies notamment parce qu’elles font un bon écran visuel ; néanmoins, ce sont de véritables déserts biologiques… Elles ne permettent aucune vie, que ce soit les oiseaux, les insectes ou les plantes indigènes. Vous avez peut-être entendu parler des notions de jardin sauvage, ou encore jardin naturel. On préconise de replanter des haies indigènes, des haies de chez nous, par exemple ici l’aubépine, le prunellier, l’églantier, le troène, l’érable champêtre… Les plantes indigènes constituent la base des chaînes alimentaires. Les insectes sont les plus dépendants des plantes indigènes, surtout leurs larves qui se nourrissent de quelques espèces particulières, voire d’une seule. On dit qu’ils sont inféodés à un type de plante ou d’essence. Or, plus les insectes sont nombreux, plus le jardin attire les oiseaux. Ainsi, une grande diversité de plantes indigènes favorise une grande diversité d'espèces animales qui se nourrissent les unes des autres, un équilibre s’établit. Plus on mélange les essences dans une haie -on appelle ça une haie mélangée- plus la faune sera importante, sans compter qu’une haie mélangée empêche une épidémie de se propager sur toute la haie. Les plantes indigènes accueillent plus d'espèces animales que les plantes exotiques, car elles sont en relation étroite avec les insectes et autres animaux de la région avec lesquels elles évoluent depuis des millénaires.

    Les plantes indigènes, en haie ou non, sont parfaitement adaptées au climat et aux micro-organismes présents dans l'environnement et requièrent peu de soins. Un jardin sauvage ne nécessite pas beaucoup d'engrais, d'arrosages copieux, de traitements insecticides et fongicides. Si une plante dépérit malgré le bon équilibre du jardin, on peut penser qu'elle n'était pas à sa place.

    Parfois, une haie de conifères rencontre quelques problèmes : comme cela pousse vite, on doit la tailler au moins deux fois par an, sinon l’arbre s’étoffe et en la taillant, on n’a plus que du brun ; parfois, la haie a les branches qui brunissent depuis le bas, c’est une attaque cryptogamique, qui se combat à coup de fongicides. Chaque année, les haies de conifères provoquent l’achat de grandes quantités de fongicide. Enfin, ils résistent parfois mal à la sécheresse.

    Le laurier palme -ou laurier cerise- est si vivace qu’il devient souvent immaitrisable, et il s’échappe facilement dans la nature. Il devient très facilement envahissant dès qu’il n’est plus taillé. Sa prolifération se fait par les graines véhiculées par les quelques oiseaux qui la consomment. Le feuillage épais de cet arbuste stérilise les sous-bois en empêchant la lumière de pénétrer. En forêt de Brocéliande, non loin d’ici, son invasion cause des soucis… Par la toxicité de leur fructification et de la litière qu'ils produisent, les formations de laurier cerise ont un intérêt très limité pour la faune sauvage des jardins. Seuls quelques oiseaux comme les merles consomment les baies occasionnellement. Même soucis pour le thuya : en tant qu’arbre, un thuya abrite moins d'une dizaine d'espèces, alors qu'un chêne de nos régions peut en nourrir directement ou indirectement plus de 500.

    Tout cela pour vous dire : si vous voulez voir de la vie au jardin, oiseaux, papillons, hérissons, si vous voulez aider à freiner la disparition d’insectes tels les papillons, ou encore que vous désirez accueillir une faune qui vous permettra d’ éliminer naturellement les parasites qui enquiquinent vos plantes… Réservez au moins une partie de votre jardin au naturel ! En faisant cela, vous allez même beaucoup plus loin, vous participez à la survie d’espèces menacées : maintenant que les habitats se raréfient, les animaux sont cantonnés dans des réserves loin les unes des autres. Ce qui se passe, c’est qu’il n’y a alors plus de brassage génétique, et les espèces se fragilisent, dégénèrent ; ce que l’on essaye de faire maintenant, ce sont des chaines qui relient les grands sites naturels les uns aux autres : on appelle ça des corridors biologiques. Si vous faîtes un jardin naturel, vous faîtes partie de la chaîne ! Vous êtes comme une étape, qui, parmi les autres étapes, comme les bords de routes ou voies ferrées naturelles contribuent à leur passage…

    Ce que vous pouvez faire d’autre pour favoriser leur passage : des platesbandes de fleurs riches en nectar, de préférence indigènes, un carré de tournesol, une mangeoire pour les oiseaux (uniquement en hiver et loin de la portée des chats !!), des nichoirs pour différentes espèces d'oiseaux, abris à hérissons, à insectes et à chauve-souris… Vous pouvez faire des micro-milieux favorables à la diversité de la vie sauvage : tas de bois ou de feuilles mortes, muret ou tas de pierres, fagots de tiges creuses, talus secs et creux humides, souche ou tronc d'arbre mort qui sera colonisé par les champignons, mélanger arbres, haies, roncier, potager bio, plantes aromatiques, mare,… Le choix est vaste ! Bien sûr, on n’est pas tenu de faire tout ça pour que cela fonctionne, mais rien qu’une ou deux de ces idées peut faire entrer la vie dans votre jardin.»

    Nous continuons notre chemin et arrivons devant la pinède sur notre gauche. Nous sommes juste devant cette fois.

  • 3La pineraie

    « Voici la pineraie, ou pinède ; pouvez vous me citer ce que vous voyez dans le sous-bois ? (mousses, ajoncs, houx, fétuque, chêne vert, fougère aigle, châtaigner, chêne pédonculé) Nous avons surtout, comme vous le remarquez, beaucoup d’espace entre chaque espèce… Mettez votre pied ici, dans la forêt : vous le sentez : on s’enfonce beaucoup. Il y a des aiguilles de pin sur une épaisseur étonnante. Cela fait que beaucoup d’espèces ne peuvent pas sortir de terre ici. Avez-vous remarqué que l’on ne trouve pas les jeunes chênes partout ? Trouvez-vous qu’il y ait une logique ? Regardez en l’air et vous comprendrez : on trouve des chênes là où il y a un peu de lumière : en lisière, et dans cette grande trouée au milieu des pins. Lui qui était ici à l’origine est celui qui s’est mis à pousser le plus spontanément, dès qu’il a pu trouver un peu de lumière. Ecoutez maintenant la forêt : on n’entend rien. On devrait entendre beaucoup plus… Le pin n’est pas d’ici ; comme je vous l’ai expliqué tout à l’heure, il n’a du coup pas beaucoup d’espèces inféodées à lui ici. Ces forêts de pins maritimes, bien qu’introduites dans les années 20-30 pour remplacer la lande, repousser derrière les chênaies sur sol acide et autres afin de faire dans la production de papier, sont maintenant protégées, elles ne sont donc pas soumises à la sylviculture. Ce pin a un bois fragile et cassant, il pousse très vite, mais comme ils cherchent tous de la lumière, très haut, ils sont grêles et ont tendance à facilement tomber. Ils causent certains problèmes, tels que la prolifération des chenilles processionnaires, plutôt dangereuses puisque si l’on marche dessus, elles peuvent envoyer un acide qui fait de grosses plaques sur la peau. Dans l’œil, cela arrive aussi, et c’est naturellement bien pire. Même quand elles sont juste passées quelque part en longue ligne et qu’elles n’y sont plus, elles donnent des allergies car leurs poils urticants volent dans l’air, et de violentes réactions allergiques aussi à celui qui touche le bois ou le sol après leur passage. Les animaux de compagnie qui les mangent par ignorance sont très difficiles à soigner, quand c’est possible. Tous ces pins donnent aussi beaucoup de difficultés respiratoires et des allergies aux habitants lors des périodes de pollen, qui recouvre tout d’une fine poudre jaune fluo. Enfin, ils perdent leurs aiguilles souvent dans l’année, sans parler de leurs fleurs et de leurs fruits. Il ne faut pas supprimer ces pins, loin de là. D’autant plus dans cette forêt protégée sans être exploitée, avec du bois mort, des mousses… Ils vont très bien avec les sols acides, en harmonie avec la bruyère, les ajoncs, ronces, fougères aigles, très typiques de nos régions, on y entend chanter la chouette hulotte la nuit, ce genre de bois clair doit être pratique pour sa chasse. Cependant, bien qu’il ne faille pas faire un commerce des ces forêts, ce serait bien de les gérer : enlever certains pins pour laisser pousser les autres, qui risqueraient moins de tomber et bloquer les routes. Alterner avec les feuillus, (qui repoussent spontanément donc il faudrait « juste » leur donner un peu de lumière) tel le châtaigner, ou mieux, le chêne, qui est indigène, afin d’avoir une forêt plus vivante, aussi de retrouver une végétation plus dense au sol, ainsi que de diminuer la prolifération des chenilles processionnaires. De manière générale, les forêts, c’est comme les haies, et comme pour tout, plus c’est mixte, mieux c’est !

    En face, encore un champ ouvert. Vous le voyez rasé ici, mais à chaque printemps, c’est une magnifique prairie fleurie…

    En face du champ, juste derrière la pinède… Se trouve le parking ! Comme nous sommes aux alentours de 11 heures, il fait plus chaud et, si l’on n’entend plus du tout les oiseaux et qu’on a peu de chance de voir l’écureuil, on a en revanche énormément de bourdons, abeilles, criquets et papillons. Si nous en avions manqué nous pouvons nous rattraper. Puis, nous discutons de ce qui leur a le plus plu, le moins, si ce n’était pas assomant et si ça leur a appris quelque chose, en théorie, je communique mes autres balades et activités, puis nous nous quittons là.